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Entre Deux Mondes : l’identité hybride et ma troisième patrie


Je crois que j’ai porté en moi l’étrangeté bien avant de la comprendre.


Peter Pan
Peter Pan

Pendant des années, j’ai avancé entre deux familles, deux villes, deux pays… comme si ma vie se déroulait sur une frontière invisible où rien ne s’ouvre vraiment et où rien ne se ferme complètement.


J’essayais, souvent, de me mélanger aux autres. Je me rappelle les observer pour piocher un mot, un geste, une manière de rire qui pourrait me rapprocher d’eux. Comme si c’était ça, appartenir : apprendre le rythme d’un monde qui n’était pas le mien.

Mais malgré tous les efforts, je restais l’intruse, celle qu’on ne voit pas vraiment, celle qu’on ne comprend pas complètement, l’éternelle étrangère dans des lieux trop petits pour contenir toutes mes identités.



Etrangère à moi même

Avec le temps, j’ai compris que cet exil n’était pas seulement extérieur :il vivait en moi, dans ce décalage permanent entre ce que je suis et ce que je devais être pour correspondre.

Alors s’est formée une autre terre, un espace qui n’existe sur aucune carte.Une troisième patrie, faite de contradictions, de blessures, de morceaux d’histoires qui ne s’emboîtent pas mais qui refusent aussi de se séparer.

C’est un entre-deux suspendu juste au-dessus de l’abîme :celui d’un corps qui souffre, fatigué par la maladie,et celui d’un esprit qui vacille, qui brûle, qui s’efface parfois dans le flou de la douleur.

Mais cet entre-deux ne m’écrase plus. Il m’accueille.Il me dit : c’est ici que tu es entière.


L’art comme corde et comme refuge

Peindre, dessiner, écrire… c’est là que je respire le mieux.L’art m’a offert ce que ni la géographie ni la société n’ont su m’accorder :un espace où je n’ai plus besoin de choisir une identité contre une autre.

Dans mes miniatures persanes, dans mes personnages en équilibre fragile,dans les couleurs qui s’entrechoquent,je retrouve ce fil tendu entre plusieurs mondes,ce funambule intérieur qui refuse de tomber malgré le vertige.


C’est peut-être ça, finalement :créer, c’est donner une forme à l’exil pour qu’il devienne lumière.C’est transformer l’incompréhension en souffle,la douleur en couleur, l’errance en territoire.

Je ne cherche plus à me fondre dans la foule. Je n’essaie plus de dissimuler mes fissures ou mes décalages, parce que c'est à travers mes blessures que cette lumière brûlante me pénètre.

ree

 
 
 

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